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Titre du blog : Au coeur des mots
Auteur : Shana
Date de création : 18-09-2008
 
posté le 16-07-2010 à 22:03:31

L'âge des méchancetés de Fumio Niwa

L'âge des méchancetés

Fumio Niwa

 

 

 

 

 

Éditions : Gallimard

Année : 2006

Pages : 101

Catégorie : Littérature asiatique

Âge : Dès 12 ans

Temps de lecture : Une journée

Résumé : Comment se débarrasser de la grand-mère de sa femme qui empoisonne la vie de tous les habitants de la maison ? Exaspéré, Itami décide d'envoyer la vieille dame chez un autre membre de la famille ; attachée sur le dos de sa petite-fille qui la porte comme un sac, la voilà en route ! Mais on ne se débarrasse pas impunément de ses aïeuls... Un texte féroce et dérangeant sur la vieillesse. 

 

Source : renaud-bray.com

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mon avis : Il est difficile de donner une critique sur ce roman qui se classe dans les récits dont l’étrangeté est à l’honneur. Mince, court et provoquant, cette histoire s’attaque aux relations que nous avons avec les vieilles personnes, notamment les japonais qui, selon le roman, auraient des liens instables avec elles puisqu’ils n’ont pas de centre pour personnes âgées comme nous en avons ici. Je ne sais pas si ce fait est réel et moderne ou n’était-ce qu’une vision du passé. Peu importe, ce récit dérange en tout point, car nous sommes autant indignés par la famille que la vieille dame. Impossible d’haïr les deux, impossible d’en vouloir aux deux. Ce sont deux partis qui ont leurs opinions et raisons qui se partagent avec le lecteur. D’un côté, il y a les petites-filles de la grand-mère, qui s’échangent maladroitement celle-ci avec une quasi répugnance, l’une avec plus d’égoïsme, l’autre avec des raisons d’être. De mon point de vue, elles devraient être fières d’héberger une personne qui a tant souvenirs a raconté et dont le but premier est de partager la richesse de son âge avancé. Mais en même temps, leurs réactions peuvent se comprendre puisque le comportement d’Umejo est disons… assez singulier et reflète sûrement chez-elle un tourbillon de confusion. Et de l’autre côté, il y a Umejo qui, malgré son habitude de piller la maison, ses divagations diverses et ses plaintes incessantes qui peuvent conduire les hôtes à vouloir s’en débarrasser, elle reste tout de même une gentille vieille dame dont l’amour filial lui est désormais inconnu. Hormis les fois où ses comportements sont fastidieux pour le moral, on éprouve à l’occasion une réelle compassion à son égard. Que faire lorsque les gens autour de soi ne veulent plus s’occuper de nous ? Peut-être ses errements découlent en fait de cette pensée, de cet abandon solitaire et ne peuvent être réglés que si ses petites-filles se montrent davantage cordiales. Mais l’auteur ne va pas assez loin dans la psychologie des personnages pour que nous puissions établir la vérité sur leurs relations qui prêtent à confusion. Si c’est vraiment ce que vivent les japonais continuellement, je plains qu’ils n’ont pas encore découvert comment accepter les vieillards dans toutes leurs maladresses et leur intégrité.  

 

Ceci dit, je n’aborderais pas les protagonistes puisque le récit était malheureusement trop court pour que j’ai un semblant d’attachement à l’égard des personnages qui sont peu abordés, sinon Umejo. Pour un autre pas dans la littérature japonaise, il n’a pas été véritablement convainquant cette fois-ci, mais je sais que cela ne m’arrêtera pas de découvrir d’autres auteurs japonais dont la plume pourraient me surprendre. Pour l’écriture de Fumio Niwa, je ne l’ai pas suivis assez longuement pour la décrire, mais je puis vous dire qu’elle me plaît en quelque sorte par la justesse des mots et que je suis curieuse de lire d’autres de ses récits en espérant qu’ils seront plus fructueux que L’âge des méchancetés. Ce livre serait-il une déception ? Je dirais que oui à cause de la petitesse et de l’histoire qui mène à une conclusion n’apportant aucune surprise ou révélation. Cependant, je suis d’avis que le sujet était au départ original, la vieillesse n’étant pas abordée dans son intégralité, et que l’auteur avait la chance de concocter un récit qui aurait pu émouvoir ou faire rire le lecteur. Ainsi donc, ce fut un moment de lecture qui ne s’est pas démarqué des autres, mais qui ne m’a pas non plus procuré d’ennui.

 

Extrait du roman :  « Si mon beau-frère Itami déteste la grand-mère, sache bien que mon mari aussi peut la détester. Ce n'est pas ma grand-mère à moi seule. Avec une domestique à ton service, sans enfant et dans une grande maison, si tu ne peux pas t'occuper d'une grand-mère, c'est que tu es vraiment trop égoïste. Si je n'avais pas de soeur aînée, il faudrait bien que je recueille la grand-mère, mais dans ces conditions, je n'en peux plus, moi ! » p. 61.