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Titre du blog : Au coeur des mots
Auteur : Shana
Date de création : 18-09-2008
 
posté le 05-08-2010 à 03:02:39

Bouquiner d'Annie François

Bouquiner

Annie François

 

 

 Coup de coeur !

 

 

 

Éditions : Seuil

Année : 2000

Pages : 203

Catégorie : Autobiographie

Âge : --

Temps de lecture : Deux jours

Résumé : En épigraphe, A. François indique cette définition du verbe bouquiner : "s'accoupler avec un lièvre ou un livre". Ce passionnant voyage dans nos rapports au livre confirme qu'il s'agit bien, en effet, d'accouplement. Lieu et position de lecture, façon de marquer la page, manières de se procurer un livre ou de le faire lire à ses amis, de choisir, de ranger… Les livres en appellent à nos cinq sens, et surtout ils disent une foule de choses sur nous et notre vie, qu'ils peuvent d'ailleurs envahir à l'occasion. Chacun trouvera son compte dans cette "autobiobibliographie", véritable hommage au livre et à la lecture. 

 

Source : livre.fnac.com

Mon avis : Bouquiner est ce livre qui convient à ces personnes qui vouent leurs instants, leurs loisirs et, pour certains, leurs nuits aux trésors encombrant les bibliothèques. Une tendre « autobibliographie » dont l’auteur relate sa vie littéraire, passant de la simple manie à ses préférences de lecture. Comment ne pas se retrouver dans ses mots ? On se souvient tous de nos singuliers rituels qui paraissent pour le moins inattendu aux yeux des témoins ou la ruse dont nous faisions preuve pour réussir à lire sous les draps quand nous étions plus jeunes. Toutes ses obsessions et habitudes forment le sac à dos de chaque lecteur, non sans oublier la touche personnelle que nous leur conférons tels que les genres adulés, les tics qui peuvent se dissembler ou les choix de la rencontre avec le livre ( un fauteuil, un lit, une plage, un banc, etc. ). C’est pourquoi, en parcourant ce petit bouquin, je me suis retrouvée si facilement dans ses dires et que je faisais à l’occasion une grimace amusée en lisant certains passages qui me correspondaient ( comme vous d’ailleurs, j’en suis sûre ). Un petit bijou, bien qu’il y ai de nombreux morceaux qui n’ont plus attrait à la lecture et auraient pu être omis lors de la rédaction, car l’auteure s’éloignait du sujet. Oui, il est intéressant de connaître un peu de sa vie privée à travers son épopée « lecturienne », mais tout ne suscite pas l’intérêt, alors pourquoi mettre ces détails ? N’importe, ce pittoresque roman est une lecture légère qui fera plaisir à de grands amoureux et qui rapprochent ceux-ci au sein d’un regroupement mental extraordinaire, car on ne peut s’empêcher de penser à tous ces autres lecteurs qui partagent les mêmes secrets et combien un livre peut égaler l’importance d’un trésor. Il est certain qu’après cette lecture, on ne voit plus nos rites essentiels avec le même état d’esprit qu’avant.  

 

De ce fait, c’est un roman qui assemble notre petit groupe et on se sent intimement lié avec l’auteure par la force des livres. Celle-ci a une vie qui se rapproche de la nôtre, entre une pile de romans dévastant l’endroit qui les abrite, la difficulté de se séparer d’un tierce bouquin lorsqu’un prêt est à l’horizon ou notre liste interminable regroupant les futurs futurs livres qui seront un jour nos confidents. L’écriture porte à l’agrément et à la réjouissance par sa douceur phrasée qui obéit quelques fois à la raillerie. Je ne peux en dire plus, car c’est à vous de découvrir à nouveau le lecteur que vous êtes et à passer un délicieux moment de détente parmi une reposante marrade et une tendresse assurée. Un coup de cœur que j’offrirai à chaque confident des livres !

 

Extraits du roman : « Enfin, je me débrouillais, lisant jusqu'à pas d'heure. Mais, toujours, une voix impérieuse m'ordonnait d'éteindre. Trahie un soir par le rai de lumière sous la porte, comme tous les enfants liseurs, je passai au stade de la lampe de poche, suffoquant sous les draps, avec de brefs périscopages pour respirer. Quand les adultes sortaient, revenue à la surface, à la clarté de la lampe de chevet, je lisais tout mon soûl. Leurs pas dans le couloir sonnaient l'extinction des feux dans un affolement total. » p. 10.