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Titre du blog : Au coeur des mots
Auteur : Shana
Date de création : 18-09-2008
 
posté le 30-09-2010 à 00:05:17

Lysistrata : la grève du sexe d'Aristophane

Lysistrata : la grève du sexe

Aristophane

 

 

 

 

 

Éditions : Mille et une nuits

Traduction : Michel Host

Année : 2009

Pages : 142

Catégorie : Pièces de théâtre

Âge : Dès 16 ans 

 

Résumé 

 

Faisons la grève du sexe ! Tel est le mot d'ordre auquel Lysistrata entend rallier les Athéniennes et ses amies de l'autre cité en guerre.
Allumant le feu du désir, puis le repoussant chez leurs maris, elles espèrent ramener la paix, et les hommes au foyer. Avec cet argument politique échevelé et profond, Aristophane donne au Ve siècle avant J. -C. une des comédies les plus audacieuses et irrésistibles.

  

Source : fabula.org

 

 

Mon avis

 Lysistrata… est une pièce qui se démarque des autres, bien que la comédie ancienne ait cette particularité d’aborder des sujets qui peuvent sembler cru pour notre temps. Je savais déjà à quoi m’entendre en entamant cette lecture obligatoire et croyez-moi, ce fut avec forte appréhension. Toutefois, cette aversion se dissipe rapidement puisque cette pièce a tout pour faire naître le rire, nonobstant la vulgarité des paroles. Mais le malaise demeure tout de même, donc je puis dire que ce fut une pièce inclassable entre le bon et le mauvais. Et dire que les Grecs en raffolaient !   

 

L’histoire 

 

La pièce débute par une réunion établis par Lison ( Lysistrata ) dans laquelle se regroupent toutes les femmes du peuple. Répugnées au début par l’idée de la guerrière, elles choisiront finalement d’entreprendre un projet mesquin pour empêcher les hommes de continuer leur guerre inutile : la grève du sexe ! Une grève qui sera à la fois difficile pour les deux clans et on peut y lire tout le désespoir des hommes, bannis de la ville tant qu’ils ne cèderont pas. Un sujet controversé et obscène, mais Aristophane ne suivait que les principes de leur époque, car il n’était pas rare que les Grecs organisent des fêtes phalliques dans lesquelles ils vouaient ovation à la procréation. Bien évidemment, j’aurais aimé moins de perversion sexuelle ( c’est bien beau que cela fait partie de la nature, mais ce peuple était dans l’exagération totale ) ! À travers ce choquant sujet, Aristophane fait également de nombreuses allusions politiques, souvent contre Euripide, car les pièces de la comédie ancienne se jouaient devant de grands ambassadeurs et il était important de se moquer de ceux-ci. Ainsi, Lysistrata n’était pas juste une divertissante histoire, mais également un débat politique !

 

 

                  Personnages                              

 

Lison, alias Lysistrata, est l’une de ses femmes qui n’a pas la langue dans sa poche et la personnalité faible. Elle sait manier les femmes par les sentiments et son autorité, personne ne s’y oppose. Même les hommes reculent devant ses talents de dictatrice. Elle est la seule à avoir le courage de tenir jusqu’au bout, sans flancher, alors que les autres femmes sont pusillanimes et se lamentent continuellement de cette grève. Au moins, Lysistrata est toujours là pour les remettre en place ! J’admire son initiative, qui ne manque pas de créativité, mais la crudité de ses paroles cisaillent les oreilles. Quant aux hommes, j’ai eu de la difficulté à voir en eux l’authenticité. Comme si des guerriers allaient se faire mener par le bout du nez alors que leurs désirs peuvent les rendre aussi farouche que des prédateurs ? Ils deviennent pleutres devant le groupe de femmes et agissent comme des enfants à qui l’on refuse une friandise. Vert-Kokin en est la preuve : sa femme ne cessera pas de faire l’aguichante avec lui, pour mieux le repousser à la fin. C’est tout juste s’il ne se mettait pas à pleurer sur son sort ! En bref, ce sont des personnages attrayants, néanmoins on ne peut pas s’y attacher à cause de leurs élans d’impudicité ( dans mon cas, du moins ).  

 

Écriture 

 

L’écriture élaborée et soutenue à la particularité de se teinter d’humour tout au long du récit, ce qui fait une lecture légère à lire. De même, les chants des coryphées sont davantage plaisants à lire et l’on se régale de l’ironie et du cynisme au fil des pages. Cependant, les propos graveleux à chaque phrase et les défauts de traduction ( je ne pense pas qu’un grec dirait « mec » ou « putain »… ) viennent atténuer le plaisir qui se forme au cours de cette pièce de théâtre.  

 

Conclusion 

 

Ergo, c’est une pièce de théâtre qui a tout d’une comédie ancienne et dans laquelle l’humour enchante la lecture, bien que je n’aie pas apprécié le sujet qui montre une vulgaire facette de la sexualité. Il reste que ce récit à ses qualités, mais je ne le mettrais pas entre n’importe quelles mains et je comprends pourquoi cette lecture n’est lue qu’au cégep : l’âge à sa part d’importance. Et je suis déçue que les élèves étaient enjoués, pour la plupart, à entreprendre cette pièce de théâtre puisque cela dépeint l’hyper sexualisation dans laquelle bon nombre de jeunes baignent. Finalement, cette pièce est malheureusement un miroir de cette nouvelle génération…