Les voyous de la liberté
Nous courions à en perdre l'haleine à travers une dédalle de rues bondées de paysans aux visages ravagés par la fatigue. Malgré les gardes à nos trousses, nous étions enivrés d'un bonheur sain que nous affichions par de grands éclats de rire. Et ce, même si nous étions vêtus de haillons délabrés et que nos pieds récoltaient tous les désavantages de nos courses enflammées. Des voyous. Oui, nous étions d'habiles voyous qui ne s'acharnaient pas à vivre sous le joug des puissants supérieurs. Au contraire du peuple, nous étions totalement libres, sans lois pour nous gouverner et nous rendre aussi bêtes que des moutons. La vraie liberté, ce que les paysans en quête d'un bonheur perpétuel ne connaissaient pas. Outre les vols que nous devions commettre pour assurer notre survie et les désagréments qui s'ensuivaient, nous n'étions ni des méchants, ni des bâtards, comme les religieuses nous surnommaient. Non, seulement des enfants libres qui ne voulaient que profiter de leur jeunesse tant refoulée par les adultes.
Oui, nous étions des voyous de la liberté et la prochaine génération de rebelles, ceux qui osaient sortir de leur cage pour affronter les soi-disant supérieurs dont le pouvoir s'étendait sur toutes les terres. Dans notre coeur, nous étions des rebelles qui voulaient seulement être libres comme le sont les oiseaux. Mais dans le regard des gens, nous étions des anarchistes, voir même des terroristes. Et pourtant, ce n'était pas nous qui tenaient le rôle des méchants... Non, nous nous étions que de simples voyous.
Fanny Mathieu
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