Ysabel
Éditions : Alire
Année : 2007
Pages : 463
Catégorie : Romans de fantasy / fantastiques
Âge : Dès 12 ans
Résumé : Ned, un jeune Montréalais de quinze ans, accompagne son père, Edward Marriner, dans le Midi de la France. Photographe de renommée internationale, Marriner - assisté de Mélanie, Steve et Greg, son équipe technique - a six semaines pour croquer des images inédites de ce magnifique coin de pays, qui regorge de ruines datant de l'époque des Celtes et des Romains.
Mais des événements inquiétants perturbent le séjour de Ned : un inconnu le menace dans la cathédrale d'Aix-en-Provence, un étrange malaise l'affecte aux abords de la montagne Sainte-Victoire, des chiens l'attaquent dans un café... sans compter qu'au cours de la nuit de la Beltaine, une antique fête celtique, il assiste à la « magique » disparition de Mélanie !
Dès lors, Ned comprend que, dans cette contrée plusieurs fois millénaire, des personnages mythiques ne veulent pas mourir et que, d'une mystérieuse façon, il est personnellement concerné par leur histoire.
Source : alire.com
Mon avis : Mystique… Dès que nous frôlons les pages du roman, nous tombons dans un autre lieu, au sein d’une région où les sites celtiques côtoient la modernité : Aix-en-Provence. Dans cette ville enchanteresse de la France, nous faisons connaissance avec un adolescent contemporain, Ned, qui va s’avérer être un personnage primordial qui ne connaît pas encore son unicité spéciale, transmise de génération en génération… Par contre, je ne me suis guère attardée aux personnages, à lui, à son père photographe venu prendre des images de la noblesse féerique de l’architecture et des paysages accompagné de son équipe. Non, j’étais davantage fascinée par ce lieu que je découvrais par l’entremise de la plume de l’auteur, cette beauté de la France où séjourne encore le passé dans une invisibilité absolue. Je pouvais presque frôler les bâtiments du doigt, sentir la brise de la région, voir les montagnes s’élever… Une surprise délicieuse qui a pétillée parmi les pages. Pour revenir à l’histoire en général, dès le début, le suspense s’installe, nous passons vite à l’enclenchement de l’intrigue. Ned rencontre à la fois Kat, une jeune fille « geek » comme il dit, et un homme énigmatique dans une vieille cathédrale. S’en suivent alors des évènements mystérieux auxquels Ned est confronté et c’est lors de la nuit de Beltaine que la vérité éclate, en même temps que la disparition de Mélanie. Ainsi, les deux adolescents et la famille de Ned se retrouvent détenus dans un triangle amoureux, une histoire d’amour vieille de plusieurs siècles qui aura un impact décisif sur le jeune garçon. L’aventure se combine avec le suspense pour offrir un périple incroyable au lecteur, dont moi qui fut émue par les décors naturels et les énergies celtiques émanant du livre en une aura de fraîcheur. J’aurais adoré rester dans ce monde où il n’y a qu’une mince ligne entre l’utopie et la modernité…
Ned est notre guide au fil des pages. Bien qu’il est l’air d’un adolescent entièrement moderne à l’humour sarcastique, nous voyons déjà en lui quelque chose d’unique qui le différencie des autres. À mesure que les évènements l’entraînent dans un univers auquel il n’a jamais touché, il grandit, se détachant peu à peu de son statut d’adolescent en prenant une maturité nouvelle. Il ne voit et ne verra plus le monde de la même manière et n’oubliera jamais les yeux d’Ysabel, cette femme immortelle qui est au cœur de cette histoire, partagée entre deux amours, entre deux hommes d’un peuple opposé. Même moi je ne peux oublier sa douce grâce, cette aura de paix et de charme qui se délivre de son âme. Tournant autour d’elle tels deux orbites en gravitation, il y a les deux hommes, ses deux amours, qui ont une personnalité fort différente et qui se livrent bataille depuis des siècles pour conquérir le cœur de cette gente dame. Ces deux êtres cabalistiques auront besoin de Ned pour la retrouver, ils le surveilleront, car lui et sa famille sont également à sa recherche pour une raison tout autre. Diverses personnes évoluent autour de Ned : il y a son père, photographe professionnel venu faire la cour aux paysages de la France et qui acceptera l’histoire de son fils avec moi de scepticisme que les autres ; sa fameuse amie, Kat, une étrange jeune fille douée de connaissances, pusillanime à ses heures, mais qui a une force téméraire en elle ; sa tante Kim, qui est dotée d’une faculté identique à celle de Ned, comprenant ainsi à la perfection la confusion de celui-ci ; sa mère, revenue de la guerre où elle opère comme médecin pour aider son fils même s’il la tiraille de revoir sa sœur et de plonger au cœur d’une histoire qui dépasse l’entendement ; l’oncle Dave, ombre de sa mère lors de ses voyages humanitaires, un combattant acharné malgré la vieillesse qui amenuise ses forces ; puis il y a enfin l’équipe photographique de son père, Steve, Greg, Mélanie… Les deux premiers n’ont que très peu d’importance, même s’ils usent de leurs moyens pour contribuer dans les recherches en dépit de leur incrédulité lors des prémices de l’intrigue. Dans le cas de Mélanie, femme hardie et érudite de la région, elle est un personnage majeur du récit, car elle joue un rôle crucial dans la quête, nonobstant sa disparition dans les méandres de la nuit de Beltaine. En raison de l’intrigue et des paysages, je n’ai su m’attacher aux personnages, aussi diversifiés soient-ils, sinon le fantôme d’Ysabel. À l’occasion, Ned et Kat m’hérissaient par leurs paroles dénués d’intérêts, langage abject des jeunes contemporains. Quant aux deux ennemis du passé, je n’avais que méfiance envers eux, jusqu’à la fin, où j’ai commencé à avoir un sentiment de compassion à l’égard de Cadell, plus enclin à nourrir de vrais sentiments à l’égard de la belle celte. Mais chut, je ne vous en dis pas plus…
Ainsi donc, ce roman, même s’il est loin d'être un coup de cœur, m’a procuré un flot d’aventures, de tableaux mirifiques et d’envoûtements celtiques qui m‘ont fait vibrer. Toutefois, j’aurais aimé que l’écriture de l’auteur, fraîche et fluide aux descriptions bien chargés, soit davantage teintée de profondeur et qu’il nous fasse découvrir les personnages avec une intensité plus élaborée, ceux-ci étant abordés seulement en surface, excluant Ned. À l’occasion, j’avais de la difficulté à accrocher à cause de quelques longueurs, tant du côté des descriptions que du côté des discussions parfois inutiles . Cependant, ce ne sont que les seuls points négatifs puisque j’ai passé un agréable moment de lecture, me laissant l’esprit gorgé d’images légendaires et d’odeurs aromatiques de cette région séculaire qui implore mon âme de venir y faire une expédition. Un petit tour entre les pages de ce livre et vous serez entraînés dans un périple entre les griffes du présent et du passé.
Extrait du roman : « Aucun autre ciel ne ressemblait vraiment à ce ciel-là. À n'importe quel moment de l'année, en n'importe quelle saison. Que ce soit une aube froide à la fin de l'automne ou un jour d'été ensommeillé au milieu de la journée dans la stridulation des cigales. Ou lorsque la lame du vent, le mistral, fondait sur la vallée du Rhône ( comme des guerriers l'avaient fait si souvent ), détachant sur le ciel purifié chaque olivier, chaque cyprès, chaque pie, chaque vigne, chaque buisson de lavande, comme s'ils étaient les premiers, l'essence parfaite de leur être même. »