VEF Blog

Titre du blog : Au coeur des mots
Auteur : Shana
Date de création : 18-09-2008
 
posté le 06-03-2010 à 03:54:56

La montagne secrète de Gabrielle Roy

La montagne secrète

De Gabrielle Roy

 

 

 

 

 Coup de coeur !

 

 

 

Éditions : Boréal

Année : 1961

Pages : 222

Catégorie : Romans classiques

Âge : Dès 13 ans

Temps de lecture : Deux jours

Résumé : Le peintre Pierre Cadorai s'est réfugié dans le grand nord pour être en communion solitaire avec la nature et atteindre la perfection artistique. Cette recherche le pousse vers des régions de plus en plus touristiques. Il trouve enfin 'sa' montagne magique, mais l'hivers arrive, il tombe malade et se retrouve dans un village esquimau. A travers le portrait du peintre Cadorai, Gabrielle Roy nous parle de la condition d'artiste. La soif de beauté et de plénitude qui habite le peintre sont présent dans chacun d'entre nous.

 

Source : evene.fr

 

Mon avis ( dans le cadre de mon défi québécois ) : Au départ, je n’aurais jamais imaginé l’ampleur de ce prodigieux récit et l’immensité sublime des mots de Gabrielle Roy. Au fil des premières pages, nonobstant mon appréciation envers la plume de l’auteure, je trouvais l’histoire particulièrement étrange et je me demandais clairement dans quoi je m’embarquais. Cependant, mes doutes furent bien vite dispersés au gré des images, dans les fabuleuses contrées du Canada, à savoir Mackenzie et l’Ungava, jusque dans la ville artistique de Paris. Un récit spirituel et envoûtant qui nous emporte au côté de Pierre, cet artiste en quête de sa montagne secrète. Nous traversons avec lui la beauté des paysages et à travers ses yeux, nous voyons toutes les subtilités de chaque détail naturel, allant de la simple goutte d’eau jusqu’à l’immense montagne dont il n’oubliera jamais les contours. Ce livre recèle bien davantage qu’un simple conte ; mais plutôt la beauté du monde, l’immersion totale dans le présent et la quête de soi, ce long chemin ardu de notre vie. Et ce, au sein des étendues nordiques les plus belles qui soient, filant sur les rivières impétueuses ou délicates, croisant à l’occasion le regard de quelques personnes qui intégreront la vie de l’artiste pour quelques instants. Nous suivons cet homme solitaire jusqu’à son illumination et grâce à sa conquête de l’interprétation parfaite des objets, nos regards s’entrouvrent. Le mien s’est ouvert, a croisé les parcelles les plus pures de l’univers et a su toucher l’éclat de mon âme. La plume de Gabrielle Roy est sans doute l’une des plus angéliques plumes que j’ai eu l’honneur de rencontrer jusqu’à présent tant une poésie délicate découle de ses mots choisis avec soin. Une rencontre inoubliable, un appel de l’âme !

 

Pierre Cadorai est un homme solitaire qui vit une vie d’anachorète, méditant avec son âme d’artiste par l’entremise de ses toiles et de ses dessins dont le talent ébloui quiconque les entrevoit. Il est peut-être retiré de la société, a ses déceptions et ses erreurs personnelles, mais au cours de sa quête, il a vu et compris des choses que nulle autre personne ne peut comprendre sans qu’elle ne se détache de la réalité et s’ouvre à la splendeur de l’énergie qui parcoure ce vaste monde. D’autre part, en dépit de son érémitisme, il est constitué d’une ténacité et d’une endurance exemplaires qui feront leurs preuves lors des chemins sinueux qu’il entreprendra. Entre son hivernage dans les bois, ses visites brèves au sein des villages, ses parcours pérennes à travers la flore canadienne, ses moments méditatifs et son passage dubitatif dans la ville touristique de Paris, il fera connaissance avec des êtres qui auront chacun leur impact dans sa pérégrination. À commencer par un vieil homme esseulé et chercheur d’or, sa fille Nina qui a su capter l’essence pur des yeux du voyageur, Steve le chasseur badin qui a un amour inconditionnel pour son loisir, l’honnête inuit fasciné par ses œuvres, l’étudiant en art Stanislas dont la philosophie témoigne de sa gaieté et finalement Augustin Meyrand, ce maître de l’art tout a fait drastique qui poussera Pierre à se dépasser davantage dans ses peintures. Ainsi s’illuminent tous ces personnages sous la plume svelte de l’auteure, Pierre étant le guide de leur âme, dont la mienne.

 

En outre, c’est un livre enchanteur qui mérite la caresse de votre attention, car il a tant de choses à nous transmettre. Un chef d’œuvre québécois émérite qui touchera votre âme et régalera votre imagination dont celui-ci verra défiler les détails les plus simples de la vie primitive, celle que nous avons oublié pour la chaleur de nos logis. Une aventure incontournable au sein de l’art, des paysages canadiens et des trésors que cachent l’unicité de notre esprit. Je lève mon chapeau à Gabrielle Roy et je lui offre une place privilégiée sur ma liste de mes auteurs préférés, son livre ayant l’honneur d’arborer la mention de coup de cœur à perpétuité.

 

Extraits préférés du livre : « Tout homme est rare et inimitable par ce que la vie a fait de lui ou lui d'elle. » p. 13.

« Il y avait là comme une histoire écrite sur la neige. Des empreintes la racontaient. » p. 43.

« Depuis si longtemps il n'avait vu ces jeux exquis auxquels se livrent les choses les plus ordinaires sous l'effet de quelque lumière. » p. 56.

« Les fines couleurs éphémères n'avaient plus d'abri et de vie que dans ce regard fixe qui en lui-même les poursuivait. » p. 57.

« À perte de vue, en été, le ciel regarde cette terre vide, et la terre vide regarde ce ciel si curieusement plein de clarté. » p. 89.

« Qui n'a rêvé, en un seul tableau, en un seul livre, de mettre enfin tout l'objet, tout le sujet ; tout de soi : toute son expérience, tout son amour, et combler ainsi l'espérance infinie, l'infinie attente des hommes. » p. 104.

« La mort du présent n'est rien ; c'est la perte de l'avenir en soi qui est déchirante. » p. 124.

« Sans doute entre l'homme et certains aspects de l'univers y a-t-il des ententes secrètes dont rien ne transpire. » p. 145.

« Idée, forme, matière, tout cela n'était qu'un ; la vision même d'une âme, et si claire, si limpide, qu'on y pouvait entrer sans heurt comme dans la vérité. » p. 173.

« Il lui semblait avoir assisté à un geste d'art pur, le peintre en quelques mots brefs, sans hésitations, abandonnant l'entière récolte de sa vie aux seuls amis. » p. 217.

 

 

 

 

Commentaires

Venise - PasseMot le 11-12-2010 à 04:54:33
J'ai ce livre qui m'attend depuis longue date, je suis une fervente admiratrice de cette grande dame de notre littérature. Après la lecture de votre commentaire, je compte le lire plus rapidement que prévu !