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Au coeur des mots

posté le 11-04-2010 à 14:38:48

Princesse de l'ombre d'Indu Sundaresan

Princesse de l'ombre

De Indu Sundaresan

 

 

 

Éditions : Michel Lafon

Année : 2010

Pages : 348

Catégorie : Romans historiques / uchroniques

Âge : Dès 13 ans

Temps de lecture : Une semaine

Résumé : Jahanara n’a que dix-sept ans à la mort de sa mère. Accablée de chagrin, elle doit faire face à ses multiples obligations. En effet, elle est la fille de Shah Jahan, le puissant empereur de l’Inde Moghole qu’elle doit désormais assister. Très vite, elle devient la femme la plus influente de l’Inde, régissant les affaires de l’Empire comme celles du harem, et supervise même la construction du Taj Mahal en hommage à sa mère.

Cependant, cette fille tant aimée vit sous la chape d’une terrible interdiction : elle n’est pas autorisée à se marier. Subjugué par sa ressemblance avec sa défunte épouse, son père exige qu’elle demeure à ses côtés. Jahanara doit rester près de lui, et dans l’ombre, à jamais…
 

 

Source : michel-lafon.fr 

 

Mon avis ( dans le cadre d'un partenariat avec Blog-O-Book  ) : Depuis que je suis entrée dans le monde littéraire, paradis incommensurable des arômes livresques, je n’ai jamais plonger dans l’Inde occidental. Ce fut une découverte privilégiée puisque j’ai sillonné un univers complètement dissemblable où les mœurs et la religion, même s’ils ne m’ont inspiré aucun bonheur, sont si étrangers à notre société. Les premières pages défilent et nous nous retrouvons dans le palais royal ( en 1631 ) au sein duquel nous voyagerons aux côtés de Jahanara, fille de Shah Jahan, l’empereur, et de Mumtâz Mahal, décédée à la suite d’un accouchement. Entre Âgrâ, où s’érige le mausolée de lumière qui voue honneur à sa mère, Deccan, Cachemire, Burhanpur et Mandu, elle nous fait voir les caractéristiques de l’Inde, mais également son émouvante histoire. Après la mort de sa génitrice, elle devient la femme la plus puissante du zenana, à son grand dam puisque son père, la trouvant trop précieuse à ses yeux, lui refuse toute union avec un quelconque homme, pas même celui qui embellit son cœur secrètement. Ainsi, encore dans l’éclat de la jeunesse, lui pèsent toutes les responsabilités tandis qu’elle doit renoncer, pour un temps du moins, à rester cloîtrée au sein de la vie impériale dont les élans de bonheur ne sont qu’éphémère puisque tout est restriction. Ce n’est pas seulement l’histoire de cette princesse, c’est le récit d’une religion, celle de l’Islam. Car, en effet, parmi les aventures de cette princesse téméraire, nous entrevoyons le quotidien des femmes de l’Inde. Là-bas, les législations sont nombreuses ; le port du hijab, l’autorisation de la polygamie, l’infériorité des femmes face aux hommes, etc. Tous ces actes qui, selon moi, va à l’encontre de la liberté de la femme, m’a particulièrement troublée, émue, choquée par moment. Mais même si je n’accepte guère cette religion à cause de ses normes drastiques, bien qu’elle s’est améliorée, je ne porte aucun jugement, car c’est leur choix, nonobstant le peu de liberté qui plane autour de l’identité des femmes. C’est dans cette option que j’avais l’impression, à certains moments, d’assister à de faux évènements. Comment l’empereur pouvait-il aimer autant sa femme décédée s’il avait déjà plusieurs autres épouses ? Or, ce n’est là qu’une question personnelle, car mes mœurs sont différents d’eux et il est bien normal que je me pose diverses questions sur ce qui peuvent les conduire à accepter un tel acte. Je suis seulement déçue qu’ils choisissent cette façon de vivre alors qu’ils passent à côté de la joie inestimable qui résulte de la vraie liberté. 

 

Les personnages, il y en a plusieurs, mais celle qui se démarque du lot est sans aucun doute la belle Jahanara. Hardie de nature, pondérée et raisonnée, elle ne cesse de faire valoir inconsciemment son talent lorsqu’elle est dans les parages. Cependant, sous cette surface imperturbable, la tristesse n’est que le seul habitant de son cœur. Ne jamais aimer au profit de la royauté, n’est-ce pas une cruelle destinée ? Or, au fil des chapitres, elle se décidera finalement à passer outre mesure et à entretenir une relation secrète avec son amant, ce qui n’arrangera guère ses liens avec sa sœur, Roshanara. Celle-ci, ombre de son aînée, n’admet pas sa supériorité, usant de jalousie et de ruse pour lui mener la vie dure. Plus frivole et moins sage que sa soeur, elle s’alliera à Aurangzeb, son frère, pour l’aider à monter dans l’estime de leur père, tandis que Jahanara se mettra du côté de Dura, son autre frère, qui est le prince illégitime du trône. Aurangzeb est davantage un guerrier que son aîné et la montée sur le trône n’est que son seul rêve. Il ferait n’importe quoi pour devenir maître à son tour, quitte à dissoudre toute sa famille. Outrecuidant, austère, il n’est pas mieux que son grand frère, Dura, qui fait montre d’un égoïsme supérieur. Cependant, il a une grande ouverture d’esprit à l’égard des autres religions que, malheureusement, les autres ne voient point cet intérêt avec bonheur. Leurs autres frères, Shuja et Murad, ne sont que des ombres au tableau, car ils n’apparaissent que rarement au sein du récit, sinon en quelques mots. Le père et roi de l’Empire Mongol, Shah Jahan, vit quant à lui esseulé dans le désespoir que lui cause la perte de sa meilleure épouse. Son deuil se fera difficilement et accroché au bras de sa fille qui le supportera jusqu’à sa mort, sa seule raison sera de construire le Taj Mahal, le Mausolée de lumière, afin que le peuple n’oublie jamais la femme qui à honorer sa vie, ce que ses autres épouses ne verront pas cela d’un bon œil. Les membres de cette famille royale, bien que comblés de richesse et d’amour propre, restent toutefois de simples citoyens dont les aléas de la vie creusent le trésor de leur personnalité. Ce que j’ai aimé des protagonistes, c’est de savoir qu’ils ont réellement existé, qu’ils ont foulé de leurs pieds l’Inde d’autrefois et que ce récit, auréolé bien évidemment d’un peu de fiction, est le témoignage véridique de leur identité, ce qui m’amène davantage a apprécié la témérité de la princesse de l’ombre à laquelle j’accorde une grande sympathie.  

 

Ainsi donc, ce fut une aventure tout en douceur dans les régions les plus paradisiaques de l’Inde, entre les jardins nantis et fleurissants des palais où s’écoulent des rivières aux chants épurés et l’intérieur des monuments tapissé de tissus pigmentés d’un arc-en-ciel de vive couleur qui ne fait qu’embellir la richesse de ce pays, malgré ses sombres recoins. Cependant, je déplore quelques fois un certain ennui que j’ai eu à l’occasion et des passages qui auraient pu ne pas être ajoutés à l’histoire. D’autre part, j’aurais particulièrement adoré une définition des mots indous, car l’auteure parsème les pages de plusieurs de ces mots qui, je dois l’avouer, est particulièrement difficile à retenir au début, notamment pour les noms. De ce fait, ce fut une douce lecture, arrosée d’enrichissements sur la culture de l’Inde et sa royauté, et j’ai aimé faire rencontre avec l’écriture d’Indu Sundaresan, qui est à la fois placide, mesurée et dont les détails ne sont que merveilles. Alors, je ne peux que vous le conseiller, car ce récit attrayant vous fera percevoir les chemins sinueux et délicats de ce pays occidental qui a tant à nous faire découvrir. J’en conviens, ce n‘est pas un coup de coeur, mais j’en retire un excellent moment de lecture et un plaisir futur à l’idée de voguer à nouveau sur la plume de l’auteure que je compte bien connaître avec davantage de profondeur. Mes remerciements sincères à Blog-O-Book et à Michel Lafon pour ce premier partenariat et cette splendide aventure dans les confins de l'Empire Mongol ! 

 

Extraits préférés du roman :  « L’empereur Chah Jahan était frigorifié, la peau moite, le cœur brisé en tant de morceaux que la moindre respiration lui était un supplice. Il se demandait comment survivre à Arjumand ; la vie sans elle lui semblait inimaginable. Ses enfants allaient-ils se voir obligés de lui rendre les mêmes devoirs dans quelques jours ? Ses larmes coulaient sans cesse, ses oreilles n’entendaient que le tambourinement des gouttes sur la toile du parapluie ; les plis de son manteau blanc, le nadiri, collés au tissu de son chudidar. Il ne devrait porter que du blanc au cours des années à venir. Les épaules flanchant sous la charge légère du manche d’or de son parapluie, il se sentait vieux. Quelque chose venait aussi de mourir en lui. » p. 25.

 

Critiques d'ailleurs : Katell

 


 
 
posté le 07-04-2010 à 17:35:08

Citations d'auteurs connus

Alors que les lecteurs s'amassent sous le dôme ensoleillé pour se noyer entre les mots de leurs auteurs favoris, je vous offre un modeste cadeau, celui d'un article dévoilant quelques citations d'auteurs qui nous enchantent, férues de littérature que nous sommes. Que ce soit Sir Conan Doyle ou Cyrano de Bergerac, leurs mots ont toujours un cachet mystérieux, voire émerveillant.

 

Bonnes lectures au fil de leur plume !

 

 

 

 

« Le travail n'est pas fait pour l'homme. La preuve, c'est que ça le fatigue. »
Voltaire

 

 

« Les résolutions sont comme les anguilles : on les prend facilement mais il est beaucoup plus difficile de les tenir. »
Alexandre Dumas Fils

 

« L'ennui dans ce monde, c'est que les idiots sont sûrs d'eux et les gens sensés, pleins de doute. »
Bertrand Russel

 

 

« Mon mari est archéologue. Plus je vieillis, plus je l'intéresse. »
Agatha Christie

 

« Et puis, mourir n'est rien, c'est achever de naître ! »
Cyrano de Bergerac

 

« Si tu veux pouvoir supporter la vie, soit prêt à accepter la mort. »
Sigmund Freud

 

 

« Les faits ne cessent pas d'exister parce qu'on les ignore. »
Aldous Huxley

 

« La crainte du danger est mille fois plus terrifiante que le danger présent. »
Daniel Defoe

 

 

« Lorsque vous avez éliminé l'impossible, ce qui reste, quoique improbable, est la vérité. »
Conan Doyle

 

 

 


 
 
posté le 05-04-2010 à 12:03:29

Joyeuse Pâques

 

Joyeuse Pâques ! 

... et vive le printemps !

 

 

 

 

Les plantes s'éclorent dans de délicieuses effluves, la neige s'évapore sous le disque orangé de la voûte céleste, les oiseaux combinent leur chant et leur danse pour donner un orchestre animal, la chaleur s'infiltre dans l'atmosphère... eh oui ! nous sommes dans la douce période qui se nomme le printemps ! L'hiver s'étiole derrière nous et enfin, nous recouvrons la joie et la détermination qui nous manquaient depuis quelques mois. Or, en plus de la renaissance d'une nouvelle saison, celle-ci nous offre la chance de profiter de ces journées radieuses en nous donnant en cadeau une température digne des plus beaux étés. Certains disent que la nature se dérègle, moi je dis qu'elle nous octroit de fabuleux présents, fruits des aléas de son caractère qui, somme toute, est tout a fait normal.

 

Mais qui dit printemps, dit également Pâques ! Ce temps de célébration qui a une signfication subjective pour chacun. Pour certains, c'est une fête catholique, pour d'autres seulement une fête commerciale du chocolat, etc. Pour ma part, Pâques est la renaissance dans toute sa splendeur, une célébration qui voue honneur à dame Nature. Non sans oublier l'ultime gâterie... le chocolat ! Et ô combien le chocolat se marie bien avec l'ensoleillement des jours et le plaisir ineffable de se sentir vivant. Par ailleurs, il faut bien se gâter un peu, non ? Après une hibernation ( soit dit en passant, une demie-hibernation... ) sous le toit de nos chaumières, nous avons bien le droit de nous gaver dans la fontaine épique du cacao, qu'il soit noir ou blanc, amer ou sucré, au lait ou aux noix. Une fontaine décorant un magnifique jardin où séjourne une myriade de lapins blancs !

 

Stop ! Mon esprit commence à divaguer dans des rêves épiques... Tout ça pour vous souhaiter une joyeuse Pâques dans le confort de votre nid familial ou au sein de votre groupe d'amis ! Respirez, vivez, profitez de ces tendres journées ! Mais faites tout de même attention à ne pas vous immerger trop longtemps dans les affres éphémères de la fontaine chocolatée...

 

 

 

 


 
 
posté le 29-03-2010 à 17:08:42

Paul Auster

Paul Auster

 

 

 

 

Biographie : Paul Auster est un écrivain américain né le 3 février 1947 à Newark, New Jersey, aux États-Unis. Une partie de son œuvre évoque la ville de New York. D'abord traducteur de poètes français, il a écrit des poésies avant de se tourner vers le roman. Il a également travaillé pour le cinéma. Il réside maintenant à Brooklyn.

 

Ses parents, de confession juive, sont nés aux États-Unis mais sont originaires d'Europe centrale. Très tôt au contact des livres par l'intermédiaire de la bibliothèque d'un oncle traducteur, il commence à écrire à l'âge de 12 ans, peu avant de découvrir le base-ball que l'on retrouvera dans nombre de ses romans. De 1965 à 1967, il est étudiant à Columbia University (littératures française, italienne et anglaise). Il commence à traduire des auteurs français (Jacques Dupin et André du Bouchet) et découvre Paris. Il y retourne en 1967 après avoir échappé à la guerre du Viêt Nam, veut faire du cinéma, rate le concours d'entrée de l'IDHEC. Il écrit des scénarios pour des films muets qui ne verront pas le jour mais qu'on retrouvera, plus tard, dans Le Livre des illusions.

Commence alors une dizaine d'années de galère. Il écrit des articles pour des revues, commence les premières versions du Voyage d'Anna Blume et de Moon Palace, travaille sur un pétrolier, revient en France pour un séjour de trois ans (1971-1974) où il vit de ses traductions (Mallarmé, Sartre, Simenon), et écrit des poèmes et des pièces de théâtre en un acte.

En 1979, alors qu'il vient de divorcer et a tenté en vain de faire publier un roman policier sous le pseudonyme de Paul Benjamin (Fausse balle), la mort de son père lui apporte un petit héritage qui le remet à flot et qui lui inspire L'Invention de la solitude. L'Art de la faim est publié en 1982, en 1985 c'est un recueil en prose, Espaces blancs, suivi bientôt de Effigies et Murales en 1987, Fragments du froid et Dans la tourmente en 1988 et Disparitions en 1993.

Paul Auster commence enfin à être reconnu comme un écrivain majeur. De 1986 (sortie de Cité de verre) à 1994 (Mr. Vertigo), il publie des romans majeurs comme Moon Palace et Léviathan. Il revient alors au cinéma, en adaptant avec le réalisateur Wayne Wang sa nouvelle Le Noël d'Auggie Wren. Smoke et Brooklyn Boogie sortent en salle en 1995. Paul Auster réalisera lui-même Lulu on the Bridge (1997) qui sera mal accueilli par la critique.

Il revient au roman avec Tombouctou (1999), Le Livre des illusions (2002), La Nuit de l'oracle (2004) et Brooklyn Follies (2005).

Marié puis séparé de l'écrivaine Lydia Davis, il s'est remarié en 1981 avec une autre romancière, Siri Hustvedt. Il a deux enfants également artistes, le photographe Daniel Auster et la chanteuse Sophie Auster.

 


 

Oeuvres littéraires :

  • Espaces blancs, éditions Unes (1985)
  • Murales, ill. Maurice Rey, éditions Unes (1987)
  • Effigies, ill. Maurice Rey, 1987.
  • Trilogie new-yorkaise : La Cité de verre (City of Glass)(1985) ; Revenants (Ghosts)(1988) ; La Chambre dérobée (The Locked Room)(1988)
  • Fragments du froid, éditions Unes (1988)
  • Dans la tourmente, éditions Unes (1988)
  • L'Invention de la solitude, roman (1988)
  • Le Voyage d'Anna Blume, roman (1989)
  • Moon Palace, roman (1990)
  • Le Noël d'Auggie Wren, nouvelle (1990)
  • La Musique du hasard (The Music of Chance), roman (1991)
  • L'Art de la faim, essai (1992)
  • Fausse balle, roman publié sous le pseudonyme de Paul Benjamin (1992)
  • Disparitions, ill. Maurice Rey, éditions Unes (1993)
  • Léviathan, roman (1993) (le Prix Médicis étranger)
  • Le Carnet rouge, nouvelles (1993)
  • Mr. Vertigo, roman (1994)
  • Le diable par la queue / Pourquoi écrire ?, essai (1996)
  • La Solitude du labyrinthe (1997)
  • Tombouctou roman (1999)
  • Laurel et Hardy vont au paradis, théâtre (2000)
  • Je pensais que mon père était Dieu, anthologie d'histoires racontées pour le National Story Project et l'émission de radio intitulée Weekend All Things Considered sur WNYC.
  • Le Livre des illusions (The Book of Illusions), roman (2002) (ISBN 2742743693)
  • Constat d'accident, essai (2003)
  • L'Histoire de ma machine à écrire, nouvelle, (2003)
  • La Nuit de l'oracle, (Oracle Night), roman (2004)
  • La Solitude du labyrinthe (nouvelle édition augmentée) (2004)
  • Brooklyn Follies, roman (2005)
  • Dans le scriptorium, roman (2007)
  • La Vie intérieure de Martin Frost, scénario, Actes Sud (2007)
  • Seul dans le noir, Actes Sud 2009 (édition originale Man in the Dark de 2008)
  • Invisible, (Invisible), roman, Actes Sud (2010)

 

Site internet : http://www.stuartpilkington.co.uk/paulauster/

 

Source : fr.wikipedia.org

 


Signatures

 

1. cedsre  le 30-03-2010 à 03:09:48

Je ne connaissais pas du tout, merci pour ce partage.

Cédric.

 
 
 
posté le 29-03-2010 à 16:54:53

Le voyage d'Anna Blume de Paul Auster

Le voyage d'Anna Blume

De Paul Auster

 

 

Coup de coeur !

 

 

 

Éditions : LGF

Année : 1997

Pages : 219

Catégorie : Autres romans

Âge : Dès 14 ans

Temps de lecture : Deux jours

Résumé : Une ville au bout du monde, cernée de murs, livrée à la désagrégation, dont les habitants tâchent de subsister en fouillant dans les détritus. De ce « pays des choses dernières », comme l'appelle le titre original du roman, la jeune Anna Blume écrit à un ami d'enfance. Venue à la recherche de son frère disparu, elle raconte ses errances dans les rues éventrées, sa lutte contre le froid, les prédations, le désespoir. Le romancier de L'Invention de la solitude et de la Trilogie new-yorkaise ...  nous entraîne ici dans un de ces univers, à mi-chemin du réel et du symbolique, dont il a le secret. Sur les pas d'Anna Blume et de quelques autres, résolus comme elle à ne pas s'anéantir dans l'abjection et la violence, nous traversons une fin du monde qui ressemble par bien des traits à notre monde. Avec eux, aux dernières pages du livre, nous serons conviés à rêver d'un autre départ, vers d'autres contrées... 

 

Source : chapitre.com

 

 

 

 


  

Mon avis : Le voyage d’Anna Blume est un roman épistolaire bouleversant, sombre même, qui nous montre la traversée émotionnelle d’une jeune femme se retrouvant dans le Pays des Choses Dernières dans l’espoir de retrouver son frère disparu. Par ses souvenirs et son récit, nous entrevoyons un autre monde funeste et calamiteux qui est au fond le miroir de certains pays, petits et délabrés, qui nous sont étrangers. Le début est un peu confus, car nous ne savons rien de cet endroit, ni sa position, ni pour quelle raison cette ville s’est vue esquinter sans que personne ne lève le petit doigt. Dès les premières pages, nous nous retrouvons à cheminer dans des rues hasardeuses aux timbres insalubres tandis qu’Anna nous raconte le fonctionnement de cette cité, les endroits et les choses à éviter ainsi que les moyens de survie alors que tout n’est qu’un grand capharnaüm abandonné aux yeux du gouvernement. Aucune sortie, aucune aide. Aussitôt, la vastitude de la détresse qui encombre chaque coin de la métropole nous saute à la gorge : pour ma part, j’étais émue, choquée à l’occasion, j’aurais voulu leur tendre les bras pour les enlever aux mains des affres de l’indigence. Chaque faits et gestes des habitants démontrent leur martyre, mais c’est les entreprises de suicide ( oui, oui, vous avez bien compris ) qui illustrent avec davantage d’ampleur leur détresse psychologique. Des cliniques d’euthanasie jusqu’aux Sauteurs ( sauter des immeubles ) et aux Coureurs ( courir sans fin ), en passant par les Clubs d’assassinat, ces associations de suicide sont troublants et montrent d’une manière métaphorique comment certaines personnes sont prêtes à mourir pour s’enfuir hors de la souffrance quotidienne, quelle soit physique ou mentale. Par ailleurs, la vie quotidienne de ces gens est tout aussi déplorable : dormir dehors ou à l’intérieur des immeubles encore debout que les « gangs » peuvent ravir n’importe quand ; des postes de péages sinistres où les dictateurs de ces endroits peuvent demander ce qu’ils veulent ; l’insalubrité journalière ; les travaux tels que les ramasseurs d’ordures et les chasseurs d’objets, etc. Horrifiée déjà à ces images, je n’imagine pas l’horreur que les gens vivent réellement, chaque jour, au sein de cet endroit inhumain alors que des personnes ailleurs dans le monde se font bronzer avec quiétude au soleil.  

 

De ce fait, toute l’histoire nous est contée par une lettre, celle d’Anna, alors qu’elle s’adresse à un vieil amour de jeunesse, mais qui somme toute, est arrivé entre nos mains puisque nous lisons cette missive. Cette facette spécifique du roman gratifie le récit d’un cachet intimiste, nous plongeant davantage dans les émotions d’Anna qui nous dévoilent ses faiblesses, ses coups durs et ses instants de bonheur éphémère. Cette jeune femme, âgée de dix-neuf ans au début du livre, se dérobe de sa vie aisée pour s’en aller au sein de ce pays afin de retracer son frère, envoyé là-bas par sa fonction de journaliste, mais qui n’a pas donné de nouvelles depuis plus de six mois. Or, elle est confrontée au désespoir, à la souffrance physique, à la torture mentale ainsi qu’à une vie où le confort n’existe pas, où tout le monde a oublié les sentiments et les objets qui nous rendaient heureux. Brave, téméraire, elle avancera dans cette vision apocalyptique sans faillir, dénotant ainsi une grande sagacité chez elle. Peut-être plutôt pessimiste quant à l’avenir, ne voulant pas se laisser bercer par des illusions d’utopie, c’est grâce à de nombreux personnages qu’elle retrouvera cette flamme singulière : l’espoir d’un futur meilleur. Elle rencontrera d’abord Isabelle, cette dame âgée au cœur charitable, probablement quelques fois naïve, néanmoins douée d’une belle vivacité. Sa détérioration physique due à sa maladie m’a particulièrement émue, car j’avais toujours la vision éphémère de ma grand-mère décédée qui avait souffert de cette même affection. Toutefois, la seule chose que je regrette de la vie d’Isabelle est son infâme mari, solitaire, acariâtre et rébarbatif qui en fera voir de toutes les couleurs à la pauvre Anna. Ensuite, elle fera connaissance avec Samuel Farr, journaliste dont le rêve est de publier le livre en cours de rédaction qui témoigne de la détresse de chaque habitant. En sa compagnie, elle vivra de doux moments de bonheur emplit d’amour et de tendresse si rares en ces temps sépulcraux. Malheureusement, un incident l’emportera une nouvelle fois dans le gouffre de la lypémanie, à l’intérieur d’un hôpital dirigé par Victoria dont l’objectif est d’aider les habitants démunis. Elle y restera longtemps, assez longtemps pour se reconstruire et vivre un autre genre d’amour avec Victoria, un côté que j’ai abhorré, car selon ma perspective, si elle était amoureuse d’un homme, elle ne peut l’être d’une femme. Mais nous ne pouvons juger les comportements de ces habitants puisque ils demeurent dans un environnement qui affecte grandement ce qu’ils sont. Enfin, après plusieurs tumultes ( dont celui d’un jeune garçon perdu psychologiquement, en proie à une détresse qui le fera chavirer sur un chemin ténébreux ), de nouveaux instants de réjouissance peuplent le cœur d’Anna, qui verra finalement le voile se lever, faisant apparaître une légère lumière dans la noirceur de sa vie.  

 

Par conséquent, cette tendre Anna, m’a chavirée, émue et bouleversée. La fin nous laisse sur une note heureuse, mais incertaine, nous octroyant le droit d’imaginer s’ils réussissent à s’enfuir du Pays des Choses Dernières. Ce récit est à la fois une vision de la réalité outrageante de certains pays et également une quête de soi, la renaissance de l’espoir dans la noirceur, le cri implorant de centaine d’âmes qui veulent partager leur détresse pour que nous soyons plus conscients de notre chance. Par ailleurs, j’ai fait connaissance avec une plume souple, onctueuse et subtile, celle de Paul Auster. Il m’a troublée par son histoire et grâce à lui, je fais monter un nouveau livre dans mes coups de cœur, malgré la noirceur du récit. Un livre qui ramène durement au présent et que je vous conseille vivement de lire afin que vous voyez la chance que nous avons d’avoir un quotidien merveilleux, qui n’est qu’une utopie pour les habitants du Pays des Choses Dernières. Il me tarde désormais de me plonger dans La trilogie New-Yorkaise qui dort sans bruit dans ma bibliothèque !

 

 


 

Extraits préférés du livre: « Tout ce que tu vois a la capacité de te blesser, de te diminuer, comme si par le seul acte de voir une chose tu étais dépouillé d'une partie de toi-même. On a souvent l'impression qu'il est dangereux de regarder, et on a tendance à détourner les yeux, voire à les fermer. ( ... ) C'est ce que je veux dire par être blessé : tu ne peux pas voir, sans plus, car chaque chose vue t'appartient aussi en quelque manière et fait partie de l'histoire qui se déroule à l'intérieur de toi. Il serait agréable, je suppose, de s'endurcir au point de ne plus être affecté par rien. Mais alors on serait seul, tellement coupé de tous les autres que la vie devriendrait impossible. » p. 27.

 

« C'était une chose étrange, de voir ainsi l'océan, et je ne peux pas te dire l'effet que cela a eu sur moi. Pour la première fois depuis mon arrivée, j'avais la preuve que la ville n'était pas partout, qu'il existait quelque chose au-delà, qu'il y avait d'autres mondes en plus de celui-ci. C'était comme une révélation, comme une bouffée d'oxygène dans mes poumons, et rien que d'y penser m'a presque donné le vertige. » p. 86.

 

 



Critiques d'ailleurs : Karine , Jules , Charlotte , Yspaddaden

 


 
 
 

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