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Au coeur des mots

posté le 18-04-2010 à 22:11:21

Là où la mer commence de Dominique Demers

Là où la mer commence

De Dominique Demers

 

 

 

 

 

Éditions : Robert Laffont

Année : 2001

Pages : 210

Catégorie : Romans d’amour

Âge : Dès 10 ans

Temps de lecture : Cinq jours

Résumé : Et si la Belle et la Bête avaient vécu en terre québécoise, au XIXe siècle?... - J'ai inventé un autre jeu, dit-il. Une sorte de course aux trésors. Maybel était tout oreilles. La Bête fit une pause, comme s'il avait besoin de soupeser chaque mot avant de poursuivre.
- J'ai dix merveilles à vous faire découvrir.
- Et à la fin, qu'est-ce qu'on gagne? demanda Maybel amusée.
- Mon coeur! dit la Bête d'une voix bourrue où perçait la rancoeur.

La Belle, c'est Maybel, jeune fille ardente et lumineuse qui vit dans une drôle de famille. Son père, Alban, gardien de phare solitaire, a épousé une ravissante Anglaise qui n'aimait pas la mer et s'est enfuie en abandonnant sa fille de deux ans.
La Bête, c'est William Grant. Affublé d'un masque étrange, il a débarqué un beau jour le long des berges du Saint-Laurent, avec son père l'Écossais, qui veut le soustraire au monde pour mieux le protéger.
Maybel et William sont épris de liberté et de nature. Dans un pays de caps battus par une mer enragé, d'anses secrètes envahies par le tumulte des goélands et les hurlements des loups marins, dans un décor étrange et fabuleux, hanté par les fantômes mais protégé par les fées, ils vont se découvrir. Et s'aimer...

 

Source : archambault.ca 

 

Mon avis ( dans le cadre de mon défi La plume québécoise ) : Un beau roman, comme je les aime, une histoire dénuée de toute modernité basée sur des valeurs inaltérables tout en étant parfumée d’un romantisme simple sans qu’il ne frôle l’extravagance. La plume de l’auteure nous délivre ainsi un récit qui se sépare en deux sujets, mais qui se rejoignent pour reformer un ancien conte, celle de la Belle et la Bête. L’amour y est au rendez-vous, bien évidemment, mais dans un contexte davantage poétique, ne ressemblant guère de cette façon aux amours contemporains dont le seul vrai sens est oublié. De cette façon, j’ai eu l’honneur de lire une vraie histoire d’amour limpide et délicate qui apporte en même temps des vertus de liberté, d’abandon envers la nature, de tendresse, d’ouverture d’esprit et de spiritualité au lecteur. L’autre sujet abordé est celui de la différence, tant le racisme que l’ouverture d’esprit ; comment l’amour peut coexister malgré la dissemblance, malgré l’apparence physique qui est plus difficile à accepter en tant que personne. Au début, le tracé de l’histoire est lent, j’ai eu quelque difficulté à saisir qui était la narratrice. Une jeune fille embarque dans un train faisant voyage jusqu’à Ste-Cécile et c’est au sein du cahier qu’elle tient entre les mains, un don de sa grand-mère, que nous nous retrouvons à arpenter les délicieuses contrées de l’île, entre les plages balayées par le vent et la mer, les côtes endiablées de liberté fouettées par les vagues, les forêts truffées de révélation et les grottes aux tonalités feutrées. Là-bas, Maybel ensoleille l’existence des habitants et celle de sa complice, narratrice du récit ( la grand-mère de la jeune fille du début ). Lors d’une journée banale, le quotidien de Maybel va basculé spontanément lorsqu’un riche écossais débarque sur l’île pour s’enfermer dans son château avec son fils, déjà victime des préjugés des citoyens qui le surnomment vicieusement « la face pourrie » à cause du terrible masque qui englobe son visage, objet de tant de rumeurs. Maybel, après tant d’obstacles et de rendez-vous, va appendre à apprivoiser « la Bête » sur son territoire tandis que celui-ci va lui enseigner les subtilités de la vie dans toute sa douceur, écrasant peu à peu la méfiance qui le submergeait. C’est dans cette tendre atmosphère d’amitiés que va naître les premiers reflets de l’amour, refaisant jaillir ainsi un antique récit conté lors de notre enfance.  

 

Dès notre première rencontre avec Maybel, dit « la Belle », il est impossible de ne pas être subjugué par son allégresse, son sourire bonifiant, ses yeux violâtres qui séduisent tant d’hommes et sa juvénilité scintillante dont l’ardeur de sa personnalité va l’entraîner hors des sentiers battus. Par l’entremise de son amie à qui elle témoigne toutes ses confidences, nous la suivons dans ses nombreux rendez-vous avec William Grant, dit « La Bête ». Celui-ci, isolé dans sa solitude, a acquis depuis son sinistre accident, qui l’oblige à masquer son visage, un merveilleux dévouement envers la flore et la faune dans lesquelles il passe ses journées à se recueillir devant les joyaux du monde. De même, il a hérité d’une culture sans pareille en parcourant les ouvrages qui parsèment la bibliothèque du château, lui octroyant un langage et une philosophie soignés. Cependant, malgré ses nobles loisirs, le poids des préjugés lui pèse et l’indifférence de son père lui tord douloureusement l’esprit. C’est en faisant rencontre avec Maybel qu’un nouveau faisceau de lumière va filtrer dans son cœur. En lui apprenant les merveilles de l’écosystème et l’humble contemplation de la beauté spirituelle, il va également apprendre auprès d’elle à laisser de côté son caractère sauvage, à faire confiance à autrui et à ne plus craindre son visage qui provoque tant de terreur. Or, leur histoire ne se fera pas sans difficulté puisqu’ils devront passer par-dessus leurs légères altercations, le racisme injustifié de quelques habitants, la colère du riche écossais et les rumeurs dépravantes qui circulent à leur sujet, de même que la tristesse, l’oubli et la douleur. Ces deux personnages m’ont bousculée et j’ai été saisie par la philosophie de William et sa plénitude au sein de la liberté. Quant à Maybel, c’est un minuscule soleil d’où jailli des élans de douce félicité. 

 

Par conséquent, ce fut un romanesque moment de lecture qui, sans être un coup de cœur, m’a tout de même procuré un grand plaisir littéraire. La fin n’est que le retour des choses et j’applaudis fortement cette conclusion qui nous fait rêver davantage. Même si je n’ai pas complètement adhéré à la plume de l’auteure lors des prémices de l’ouvrage, j’ai appris à apprécier doucement cette écriture simple, douce et familière au sein de laquelle j’ai retrouvé avec grand bonheur mon identité québécoise. Un récit taillé de personnages attendrissants, d’illustres valeurs, d’un sujet troublant qui ne nous est pas étranger, de paysages vouant honneur à la beauté du Québec et plus que tout, d’une histoire d’amour dont les éclats ne sont que pureté et honnêteté. Un fabuleux roman à découvrir ! Je continuerai bientôt ma route auprès de l’écriture de Dominique Demers dans sa série Marie-Tempête qui sommeille sereinement sur mes étagères.  

 

Extraits préférés du roman : « C’était un masque de cuir, souple et fin, noué derrière la tête avec quatre brins. Le front découvert du jeune homme révélait une chair meurtrie. Sa chevelure fauve était abondante, mais il n’avait plus de sourcils. Rien ne préparait à la vue des yeux immenses qui semblaient dévorer ce visage. Sous ce regard noir, obsédant, le masque était plaqué sur une chair qu’on devinait ravagée, car le cuir mince se plissait et se creusait par endroits, notamment au milieu du nez. Une large ouverture révélait une bouche quasi intacte. De près, toutefois, on remarquait que les lèvres étaient rongées à la commissure, d’un seul côté, celui du cœur. » p. 37. 


« - Ce matin, dit-il, j’ai rencontré un roi. Et hier, un prisonnier enfermé par erreur dans une prison maudite. La semaine dernière, j’ai entendu chanter des sirènes. Je connais un homme prêt à se battre contre des moulins à vent et j’ai déjà assisté à des combats sanglants, à des duels terrifiants, à des massacres hallucinants. Mais j’ai aussi vu des lutins courir dans la forêt à l’aube et j’ai épié des amoureux prêts à mourir l’un pour l’autre. Je sais qu’il existe une mer lointaine hantée par une baleine gigantesque qui a grugé le cœur d’un homme. Je sais également que je ne connais rien encore. Et qu’il ne me suffira sans doute pas d’une vie pour découvrir, en plus de la pluie, des escargots de mer, des hérons et des cormorans, des canards et des cerfs, des étoiles et des lunes, tous les personnages qui ont le pouvoir de vivre dans mon cœur et dans mon esprit. » p. 149.

 

Critiques d'ailleurs : Clairdelune

 

 


 
 
posté le 13-04-2010 à 20:30:23

Amélie Nothomb

Amélie Nothomb

 

 

 

 

Biographie : Amélie Nothomb, (née le 13 août 1967 à Kōbe au Japon), est un écrivain belge de langue française.

Fille du baron Patrick Nothomb, ambassadeur de Belgique, elle séjourne ainsi au Japon, en Chine, aux États-Unis (New York), en Asie du Sud Est (Laos, Bangladesh, Birmanie). Elle ne découvre la Belgique qu'à l'âge de 17 ans. Elle y finit ses humanités à l’Institut Marie Immaculée Montjoie à Uccle pour ensuite entamer des études de philologie romane à l’Université libre de Bruxelles.

Depuis 1992, elle publie chez Albin Michel un livre par an soit dix-huit romans à ce jour. Son premier roman, Hygiène de l'assassin est un chef d'œuvre presque uniquement composé de dialogue entre un prix Nobel incompris et des journalistes, la discussion virant à l'interrogatoire. Amélie Nothomb nous montre qu'elle manie avec brio, et ce dès son premier roman, l'art de plaire et d'interroger, de montrer du doigt à la fois les petits défauts humains et les horreurs dont ils sont capables. Avec une régularité notoire : « Tous les ans, à la rentrée, il y a deux événements majeurs : les vendanges et la sortie du Nothomb. Cette année, le raisin est en avance, mais l'Amélie est à l'heure ». Ses écrits sont traduits dans trente-sept langues à travers le monde.

Amélie Nothomb suscite la polémique: elle compte de très nombreux fans, mais aussi de violents détracteurs, ce qui déplaît aux écrivains qu'on dit trop vite "classiques" du fait de sa notoriété toujours grandissante qui agace très vite ceux qui voudraient faire passer son immense talent pour un simple argument de vente et sa figure atypique pour de l'exentrisme : « C'est que mademoiselle Nothomb n'a pas que des admirateurs, mais aussi quelques détracteurs qui lui reprochent ceci et cela, et notamment sa célébrité. (…) Elle est devenue, par les hasards des interviews, un mythe ». Mais l'auteur se défend : « Je suis ce que je peux être. Je ne maîtrise pas ce que je suis et encore moins les regards que les autres posent sur moi ».

Amélie Nothomb raconte une partie de son enfance dans ses romans Métaphysique des tubes, Le Sabotage amoureux et Biographie de la faim. Fille du diplomate Patrick Nothomb, cette enfance est rythmée par d'incessants déménagements au gré des affectations paternelles. Notamment à cause de sa gouvernante japonaise Nishio-San qu'elle considérait comme sa seconde mère, elle vit son départ du Japon, « pays de la beauté », pour la Chine, « pays de la laideur », comme un exil et vit les autres déplacements familiaux comme autant de déracinements successifs. Mais aussi comme « un nomadisme culturel qui décuple sa curiosité et renforce sa précocité ». Elle raconte dans Biographie de la faim comment elle a plongé, avec sa sœur Juliette, dans les livres, la potomanie, l'alcool infantile et l'anorexie. Adulte, son diplôme de philologie romane en poche, Amélie Nothomb retourne au Japon pour y travailler comme interprète (elle maîtrise le japonais, du moins oralement) et songe à s'y installer définitivement. Elle entre dans une grande entreprise japonaise, dans laquelle elle restera un an. Après cette expérience, désastreuse à plusieurs égards, qu’elle romance dans Stupeur et tremblements, elle rentre en Belgique et envoie le manuscrit de Hygiène de l'assassin à de nombreux éditeurs. Elle publie Hygiène de l'assassin chez Albin Michel, en 1992.

En 2004, elle en était à son 53e manuscrit. Elle dit écrire près de quatre romans par an pour n’en publier qu’un seul : « J'écris 3,7 romans par an, c'est un rythme, je l'ai constaté après coup. Cela dit, n'allez surtout pas imaginer que tous ces romans sont bons. Il y a une énorme proportion de romans ratés dont il est hors de question que je les publie », « L'immense majorité [de ces manuscrits] restera dans des caisses et n'en sortira pas. Je veillerai à me protéger suffisamment pour cela ». Se disant également « enceinte de ses romans », Amélie Nothomb dit écrire depuis l’âge de dix-sept ans.

Entre 2000 et 2002, elle écrit sept textes pour la chanteuse française Robert. Elle romance la vie de la chanteuse dans Robert des noms propres, paru en 2002.

Dans son dernier roman, Le Voyage d'Hiver, Amélie Nothomb renoue avec ses thèmes favoris qu'elle manie si bien : l'auto dérision (concernant la condition d'écrivain), le suicide amoureux, l'incohérence de l'existence si on ne s'attache qu'à regarder qu'un seul fait de la vie (ici : l'amour).

 

Oeuvres littéraires :

  • Hygiène de l'assassin, roman, Albin Michel, 1992 (Prix René-Fallet, Prix Alain-Fournier)
  • Le Sabotage amoureux, roman, Albin Michel, 1993 (Prix de la Vocation, Prix Chardonne)
  • Les Combustibles, théâtre, Albin Michel, 1994 
  • Les Catilinaires, roman, Albin Michel, 1995 
  • Péplum, roman, Albin Michel, 1996
  • Attentat, roman, Albin Michel, 1997
  • Mercure, roman, Albin Michel, 1998
  • Stupeur et tremblements, roman, Albin Michel, 1999 (Grand Prix du roman de l’Académie française)
  • Métaphysique des tubes, roman, Albin Michel, 2000 
  • Cosmétique de l'ennemi, roman, Albin Michel, 2001
  • Robert des noms propres, roman, Albin Michel, 2002
  • Antéchrista, roman, Albin Michel, 2003 
  • Biographie de la faim, roman, Albin Michel, 2004 
  • Acide sulfurique, roman, Albin Michel, 2005
  • Journal d'Hirondelle, roman, Albin Michel, 2006
  • Ni d'Ève ni d'Adam, roman, Albin Michel, 2007 (Prix de Flore)
  • Le Fait du prince, roman, Albin Michel, 2008, (Grand Prix Jean Giono)
  • Le Voyage d'Hiver, roman, Albin Michel, 2009.

 

Source : fr.wikipedia.org

 

 


Signatures

 

1. cedsre  le 14-04-2010 à 05:14:20  (site)

J'ai adoré la plus part de ses oeuvres.

Bisous

Cédric.

2. angelthestrange  le 14-04-2010 à 09:11:55  (site)

j'aime tous romans à part les 2 derniers qui m'ont un peu déçu

3. KAFF  le 14-04-2010 à 10:11:12  (site)

J'aime assez Nothomb même si "Stupeur et tremblements" n'est pas mon préféré. Sinon je suis impressionné par ton Blog, il donne envie d'écrire un livre, par ta plume également. Je n'y ai trouvé ni Maupassant ni Kafka, ni ce que tu penses des auteurs dont tu nous parles, cela dit je respecte ta façon de conduire ton espace. Je reviendrai. Bonne soirée A plus. Je suis d'accord, les japonnais sont habités par Kafka, c'est une évidence quand on y a séjourné, je trouve (je me demande si les ont en conscience).

4. shana  le 14-04-2010 à 14:01:57  (site)

Angelthestrange : Pourquoi les deux derniers t'ont déçu ? Qu'est-ce que tu n'as pas aimé ?

Kaff : Merci pour tes bons commentaires ! Il va y avoir bientôt des romans de Guy de Maupassant sur mon blog, car j'en ai deux dans ma bibliothèque ( Une vie et Bel ami ). Quant à Kafka, je ne connais pas du tout ! En ce qui est des auteurs, je dis un peu ce que je penses de leur plume dans mes critiques, mais pas d'eux. Je ne m'étends pas jusqu'à leur biographie.

édité le 14-04-2010 à 17:02:18

5. KAFF  le 14-04-2010 à 14:18:26  (site)

Houla ! "je me demande s'ils en ont conscience". Pour Bel ami j'ai versé une larme. Magnifique ! Kafka, il faut aimer et comprendre le personnage pour apprécier son œuvre je pense, sinon tu peux commencer par Métamorphose. ça m'étonne que tu ne le connaisses pas.

6. shana  le 14-04-2010 à 14:37:15  (site)

Merci du conseil, je vais noter ce titre !

7. KAFF  le 15-04-2010 à 00:18:42  (site)

A ton service ! tu ne seras pas déçue de plus c'est assez court. PS J'ai confondu avec "Pierre et Jean" pour Maupassant.

8. ricardo  le 16-04-2010 à 15:00:51  (site)

Je viens de découvrir ton blog grâce à ma grande envie de découverte et je le trouve super!! Très agréable à lire,

@ bientôt de vous lire ...

9. shana  le 16-04-2010 à 18:36:37  (site)

Je vous remercie beaucoup pour votre gentil commentaire et je vous souhaite la bienvenue dans mon antre.

Au plaisir,
Shana

édité le 16-04-2010 à 21:36:55

 
 
 
posté le 13-04-2010 à 20:17:37

Stupeur et tremblements d'Amélie Nothomb

Stupeur et tremblements

D'Amélie Nothomb

 

 

Coup de coeur !

 

 

 

Éditions : : Livre de Poche

Année : 2001

Pages : 186

Catégorie : Romans autobiographiques

Âge : Dès 14 ans

Temps de lecture : Une journée

Résumé : Au début des années 1990, la narratrice est embauchée par Yumimoto, une puissante firme japonaise. Elle va découvrir à ses dépens l’implacable rigueur de l’autorité d’entreprise, en même temps que les codes de conduite, incompréhensibles au profane, qui gouvernent la vie sociale au pays du Soleil levant.
D’erreurs en maladresses et en échecs, commence alors pour elle, comme dans un mauvais rêve, la descente inexorable dans les degrés de la hiérarchie, jusqu’au rang de surveillante des toilettes, celui de l’humiliation dernière. Une course absurde vers l’abîme – image de la vie –, où l’humour percutant d’Amélie Nothomb fait mouche à chaque ligne.
Entre le rire et l’angoisse, cette satire des nouveaux despotismes aux échos kafkaïens a conquis un immense public et valu à l’auteur d’Hygiène de l’assassin le Grand Prix du roman de l’Académie française en 1999.

 

Source : livre.fnac.com 

 

Mon avis : Jamais je n’aurais pensé m’attendre à ce type de récit. Avant d’ouvrir ce livre, j’étais particulièrement angoissée. Je me demandais qu’allait être mon opinion à propos de ce roman, si je tomberais sous le charme ou grimacerais de dégoût. Cette angoisse était due à toutes les critiques du « net », car les avis positifs et négatifs se côtoyaient généralement, alors il ne me restait qu’à moi de les départager. Et croyez-moi, je ne pensais guère le dévorer en une journée. Quelle écriture ! Quel humour satirique ! Je suis tombée sous le charme, vraiment, et j’en redemande encore ! Dès que mes yeux ont effleuré les pages, je me suis régalée de cette satire qui m’a fait tant rire, de ce ton caustique, des péripéties de la narratrice ainsi que des passages résumant, toujours avec le même rythme, les coutumes des japonais, notamment celles des femmes. Je ne me suis pas ennuyée outre mesure et je n’y voyais aucune longueur : à vrai dire, le seul point négatif que j’y ai trouvé n’en ai pas un. Puisque, en effet, j’aurais voulu que l’histoire s’étend sur des centaines et des centaines de pages. Je trouvais que son humour nitescent me changeait de toutes mes lectures et j’accueillais ce plaisir littéraire avec un immense bonheur, car les rires qui engorgeaient ma gorge me délivraient de toute angoisse. L’histoire se déroule au cours des années 1990, dans une firme japonaise du nom de Yumimoto. La narratrice ( ou plutôt l’auteure, car c’est un pan de sa vie ) est engagée au sein de cette compagnie sans savoir toutes les mésaventures qui allaient suivre. Dirigée par quatre supérieurs, elle passera d’échec en échecs jusqu’à la plus basse hiérarchie, concierge des toilettes ou « dame pipi », toujours avec son positivisme original et son humour piquant qui s’ajoute bien à son écriture simple, mais ô combien envoûtante. De même, les informations sur les traditions japonaises qu’elle insère de temps en temps en parlant de sa supérieure Mademoiselle Mori m’ont fortement intéressée, étant moi-même une passionnée de leur culture, et découvrir les coutumes strictes des japonaises sur leur vie est quelque chose de touchant puisque les femmes ne se meuvent pas dans un bonheur complet à cause des usages de respect ( exagéré ? ), d’apparence, etc.  

 

Quant au personnage, elle m’a fait mourir de rire tant elle trouvait les mots justes sur telle action ou s’amusait à nous décrire ses loisirs secrets pour effacer l’ennui ( par exemple, se jeter par la pensée du haut d’une fenêtre ). Sa témérité, son sang-froid, son imagination et son humour au vitriol fait d’elle une personne discrète, mais haut en couleur que nous aimons dès l’instant où notre attention se grave aux pages. J’admire tout simplement sa finesse d’esprit et sa placidité face à ses supérieurs. Dans mon cas, j’aurais craqué dès la première journée ! J’ai été davantage surprise lorsque j’ai su, après quelques recherches, que c’était une autobiographie d’un moment de la vie de l’auteure, ce qui m’a permise d’apprécier le personnage ou l’écrivaine avec plus d’ampleur. Encore maintenant, j’ai dû mal à croire qu’elle ai survécu à tous ses échecs sans avoir démissionné plus tôt. Et quant à ses supérieurs, difficile à imaginer comment survivre à leurs ordres. Mademoiselle Mori ou Fubuki est d’une beauté inégalable, dont nous parle tant l’auteure, c’est pourquoi j’ai bien cru à sa bienveillance du début. Or, rien ne me préparait à affronter la dame tartuffard qui se cachait derrière ce masque d’amabilité. Mais lorsque nous repensons à l’emprise despotique de leurs traditions sur les japonaises, pas toutes bien évidemment, un élan de compassion nous envahi et c’est ainsi que je n’ai pas réussi à haïr complètement Fubuki. En ce qui concerne, les trois autres supérieurs, je n’en dirais que quelques mots : Monsieur Saito est un homme autoritaire, mais honnête et authentique lorsque nous le connaissons véritablement ; Monsieur Omochi est un homme opulent calomnieux et irrévérent ; finalement, Monsieur Haneda est un homme mystérieux, interprété par les yeux de l’auteure comme un dieu, dont le visage témoigne d’une grande bénignité. Tous ces personnages, dont l’homme complaisant connu sous le nom de Monsieur Tenshi, font de ce récit un moment littéraire particulièrement égayant. 

 

Ainsi donc, cette satire autobiographique est un petit bijou divertissant qui s’ajoute d’ores et déjà dans mes coups de cœur, de même que la plume tout a fait truculente et audacieuse de l’auteure monte dans mes auteurs préférés. Une lecture dérivative aux soupçons nippons que je vous conseille fortement et qui, je l’espère, vous fera le même effet qu’à moi-même. La preuve, l’humour de l’auteure me manque déjà alors que je viens à peine de fermer ce bouquin il y a deux jours. Est-ce qu’une sortie à librairie s’imposerait ? Oh ! quelle tentation… 

 

Extraits préférés du roman : « Non : s’il faut admirer la Japonaise – et il le faut -, c’est parce qu’elle ne se suicide pas. On conspire contre son idéal depuis sa plus tendre enfance. On lui coule du plâtre à l’intérieur du cerveau : « Si à vingt-cinq ans tu n’es pas mariée, tu auras de bonnes raisons d’avoir honte », « si tu ris, tu ne seras pas distinguée », « si ton visage exprime un sentiment, tu es vulgaire », « si tu mentionnes l’existence d’un poil sur ton corps tu es immonde », « si un garçon t’embrasse sur la joue en public, tu es une putain », « si tu manges avec plaisir, tu es une truie », « si tu éprouves du plaisir à dormir, tu es une vache », etc. Ces préceptes seraient anecdotiques s’ils ne s’en prenaient pas a l’esprit. » p. 94.  

 

« La fenêtre était la frontière entre la lumière horrible et l’admirable obscurité, entre les cabinets et l’infini, entre l’hygiénique et l’impossible à laver, entre la chasse d’eau et le ciel. Aussi longtemps qu’il existerait des fenêtres, le moindre humain de la terre aurait sa part de liberté. » p. 186.


Critiques d'ailleurs : Charlie Bobine , Karine , Phil , Allie

 


Signatures

 

1. angelthestrange  le 14-04-2010 à 09:14:02  (site)

un de ces meilleurs romans . il vrai que qu'il a de bons passages assez rigolos. j'ai pu la rencontrer lors d'une dédicace et j'en garde un trés bon souvenir.

2. Kikine  le 14-04-2010 à 14:01:31  (site)

C'est avec ce livre que j'ai découvert avec plaisir Amélie Nothomb. J'ai lu beaucoup d'autres livres d'elle après mais je n'ai jamais retrouvé la même délectation

3. shana  le 14-04-2010 à 14:04:56  (site)

Angelthestrange : Oh ! chanceuse ! tu as pu avoir une dédicace d'elle ! Si ça peut t'intéresser, je compte faire une entrevue avec cette auteure au cours du mois. C'est à surveiller !

 
 
 
posté le 12-04-2010 à 12:02:07

Lady Susan de Jane Austen

Lady Susan

De Jane Austen

 

 

 

 

Éditions : Gallimard

Année : 2000

Pages : 116

Catégorie : Romans classiques

Âge : Dès 12 ans

Temps de lecture : Quelques heures

Résumé : Une veuve spirituelle et jolie, mais sans un sou, trouve refuge chez son beau-frère, un riche banquier. Est-elle dénuée de scrupules, prête à tout pour faire un beau mariage, ou juste une coquette qui veut s'amuser ? Le jeune Reginald risque de payer cher la réponse à cette question... Grande dame du roman anglais, Jane Austen trace le portrait très spirituel d'une aventurière, dans la lignée des personnages d'Orgueil et préjugé et de Raison et sentiments.

Source : renaud-bray.com 

 

Mon avis : Renouée avec la plume bellissime de Jane Austen, voilà qui fut la plus noble offrande de ce livre. Encore une fois, l’envoûtement m’est venue et je suis tombée entres les pages, pour quelques tendres heures, voguant sur les lettres qui parsèment l’histoire. Et c’est là le seul point négatif qui découle de ce roman. Trop rapide. Un livre de cent pages venant d’Austen, c’est à la fois un merveilleux moment de lecture, mais également une terrible torture, car je n’avais point envie de fermer le roman, j’aurais adoré que le récit s’étire en longueur et puisse ne jamais se terminer. C’est pour cette raison, si cruelle soit-elle, que ce roman ne fut pas un coup de cœur, à cause de la petitesse du nombre de pages. Ces quelques heures perdues dans l’univers anglais de l’auteure ne m’ont pas suffi à devenir grande amie avec les personnages et à saisir toutes les subtilités de leur personnalité, mon passe-temps préféré lorsque je déguste un récit. Cependant, il reste que ce fut une lecture tout en plaisir et son originalité épistolaire a été bien appréciée de mon amour littéraire. Le récit débute par une lettre de Lady Susan à M. Vernon, pour ensuite enchaîner sur d’autres missives où nous découvrons la personnalité audacieuse et infatuée de Lady Susan, cette dame qui use de ces capacités de fausses émotions et de sa séduisante beauté pour obtenir ce qu’elle veut et faire tomber tous les hommes à ses pieds, même le pauvre Reginald qui avait pourtant une mauvaise estime d’elle avant de tomber dans le panneau à son tour. Cette dame rusée et frivole s’invite chez son beau-frère et sa famille pour quelques semaines de détente afin de s’éloigner des Manwaring chez qui elle n’a causé que des dualités. Or, sa fille dont elle n’éprouve aucune tendresse et qui vit sous le joug despotique de celle-ci est renvoyée de l’orphelinat pour se rendre chez les Vernon, au grand dam de sa mère. De missive en missive, de matoiserie en matoiserie, nous pénétrons dans un court récit encore digne du talent littéraire de cette dame anglaise.  

 

Lady Susan est un personnage étrange dont les objectifs sont difficiles à saisir. Que veut-elle vraiment ? Duplice et cauteleuse, elle sait pertinemment contrôler les gens de son entourage, particulièrement les hommes, afin que ses ruses noyées dans l’ombre l’amènent à savourer ses victoires. Mais y a-t-il vraiment des objectifs derrière ses victoires ? Ou seulement un malin plaisir à provoquer la discorde ? Peu importe, son charme irrésistible agit tel un masque sur son caractère et moi-même, au tout début, je la trouvais dénuée de scrupule. Or, nous découvrons la vérité sur sa personnalité à chacune de ses missives, lorsque ses manières et son ton prennent une note tout a fait différente. Dame distinguée avec la famille Vernon, elle devient outrecuidante avec sa chère amie dont la personnalité va de paire avec celle-ci. C’est dans cette atmosphère de sournoiserie que nous faisons également rencontre avec la fille de Lady Susan, Frederica, cette pauvre enfant timorée et soumise à l’autorité exécrable de sa mère. Étant renvoyée de l’orphelinat, elle n’a seul choix que de retrouver sa génitrice chez les Vernon, une situation que Lady Susan regrette amèrement puisqu’elle ne veut pas cette «  enfant indisciplinée » dans les parages. D’autre part, elle ne pense qu’à marier sa progéniture à Sir James, alors même que la différence d’âge est énorme. Néanmoins, cette jeune fille bienveillante trouvera refuge entre les bras de Madame Vernon qui lui portera une grande sympathie. Celle-ci essaiera de la délivrer des griffes de sa mère, malgré les embûches que cette dame perfide érigera. Finalement, il y a Reginald, cet homme qui tombera sous l’influence de Lady Susan. Pourtant, il se méfiait déjà à l’avance de son caractère, mais lorsque ses yeux croisèrent ceux de la belle dame, il en fut vite tombé amoureux. Cependant, il résistera quelques fois à son emprise, mais pour mieux y retomber par la suite, jusqu’à la déception finale. Ainsi, seules Frederica et Madame Vernon m’ont plu pour leur délicate sensibilité et leur bonhomie douceâtre.  

 

Ergo, j’ai adoré ce récit épistolaire typiquement anglais et bourgeois dans lequel j’ai plongé avec délectation, mais pas autant qu’avec Raisons et sentiments. La plume enchanteresse de Jane Austen m’inspire toujours et à chaque fois, je suis médusée par ses mos si nobles et raffinés qui sont une source sempiternelle de plaisir littéraire dont je m’abreuve sans être rassasiée. Si vous n’avez jamais goûté à la charmante écriture de cette grande dame, vous devez le faire, et maintenant ! Dans mon cas, je ne pourrai guère m’empêcher de lire un autre de ses romans d’ici l’été, notamment Orgueils et préjugés dont je lis tant de somptueuses critiques.  

 

Extrait préféré du roman :  « Bien que dépourvue de tout talent de société, elle est loin d’être aussi ignorante qu’on pourrait s’y attendre, car elle aime la lecture et passe parmi les livres l’essentiel de son temps. Sa mère lui laisse plus de liberté qu’au début. Je m’arrange pour qu’elle soit avec moi autant que faire se peut, et je me suis efforcée de surmonter sa timidité. Nous sommes de grandes amies. Quoiqu’elle n’ouvre jamais la bouche en présence de sa mère, elle parle suffisamment quand nous sommes en tête à tête pour qu’il apparaisse clairement que, si Lady Susan s’y prenait bien avec elle, Frederica ne manquerait pas de produire une impression beaucoup plus favorable. Il n’y a plus doux, plus aimant, on ne voit pas de manières plus obligeantes, lorsqu’elle n’agit pas sous la contrainte. Ses petit cousins sont tous entichés d’elle. » p. 55.


Critiques d'ailleurs : Lou , Charlie Bobine , Aufildeslivres , Jules , Nanou , Restling , Tamara , Karine , Edea , Isil , Katell , Romanza , Allie

 

 


Signatures

 

1. Kikine  le 12-04-2010 à 16:19:43  (site)

J'aime aussi les gros romans en général mais j'ai quand même été séduite par ce petite livre. J'ai aimé l'évolution des relations, le style épistolaire et le personnage de Lady Susan que je trouve perfide à souhait

 
 
 
posté le 11-04-2010 à 14:53:32

Indu Sundaresan

Indu Sundaresan

 

 

Biographie : INDU SUNDARESAN est l’auteur des best-sellers internationaux La Vingtième Epouse , Le Festin de roses et La Splendeur du silence, parus aux Éditions Michel Lafon. Après un intermède consacré à l’écriture de nouvelles sur l’Inde contemporaine – Au couvent des petites fleurs –, elle revient aux sources de son succès : la grande saga historique.  

 

Oeuvres littéraires :

Le festin des roses ( 2004 )

La splendeur du silence ( 2007 )

Au couvent des petites fleurs ( 2009 )

Princesse de l'ombre ( 2010 ) 

 

Source : michel-lafon.fr 

 

Site internet de l'auteure ( en anglais ) : http://www.indusundaresan.com/

 

 


 
 
 

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